Notre collectif est né suite à la découverte, grâce au maire de notre commune, d’un dépôt de permis de construire pour une installation industrielle de méthanisation dite agricole à 500 m de notre village, ceci sans aucune concertation avec les habitants.
Nous apprenons dans la foulée le soutien sans faille du P.N.R. à ce projet particulier. Puis, dans le cadre de la rédaction de la nouvelle charte du Parc “à Horizon 2040” apparaît, de nouveau sans aucune concertation, ni aucune précision, un plan de développement - qualifié de stratégique - de 10 à 15 méthaniseurs sur le territoire du Parc.
Nous soutenons que l’implantation d’installations industrielles de méthanisation sur le territoire du Parc du Vexin doit faire l’objet d’un encadrement clairement défini dans la nouvelle charte sur tous les aspects concernés : localisation, trafic routier, dimensions, intégration paysagère…
Ainsi que l’ont affirmé, le 16 mai à Théméricourt, le sénateur Alain Richard et Mme Ghislaine Senée, élue de la Région Île-de-France, ces préconisations doivent être reprises dans le cadre de commissions réunissant toutes les parties concernées. Nous attendons la mise en place officielle de ces instances de concertation.
Globalement, nous considérons que la méthanisation agricole est vertueuse quand elle utilise des déchets locaux : le fumier ou le lisier d’élevage par exemple. Par contre, nous sommes opposés aux projets qui nécessitent d’importer des intrants de l’extérieur de notre territoire, et accaparent des terres agricoles pour alimenter ces installations, comme c’est le cas à Tessancourt et au Perchay.
A contrario, nous sommes ouverts à la possibilité d’installer des méthaniseurs destinés à traiter les déchets organiques des ménages des centres urbains ou péri-urbains, où existe un indiscutable problème de traitement des déchets. Ce type d’installation est très différent d’un méthaniseur agricole.
Voici, en résumé, les arguments essentiels qui motivent notre action :
Arguments écologiques
— Emmanuel Macron a exprimé l’ambition de sortir du gaz et du charbon à la fin de son 2ème quinquennat. En effet, si le gaz émet environ 490 grammes de CO2eq/kWh - Source G.I.E.C. (Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) - soit presque moitié moins que le charbon, cette énergie reste un gros pourvoyeur de gaz à effet de serre (G.E.S.). Elle n’est pas une énergie appropriée à la transition recherchée.
— Le biogaz étant du méthane au même titre que le gaz naturel, il dégage la même quantité de CO2 quand il est brûlé. Or les experts ont du mal à s’accorder sur son bilan carbone global en prenant en compte les G.E.S. émis pour la construction, l’importation des intrants, la culture des cives, le chauffage des digesteurs (tout au long de l’année à 38/40 °c), et les fuites de méthane dont l’effet de serre est 25 fois supérieur au CO2 ! 4 % de fuite suffiraient pour que la méthanisation ait un impact plus fort que l’usage des carburants fossiles, selon le Centre Scientifique National sur la Méthanisation (C.S.N.M.R.)
En France, on ne mesure pas les fuites. Mais en Allemagne, les contrôles ont évalué celles-ci à 7 % en moyenne, en tenant compte de l’émission de protoxyde d’azote (N2O, dont le pouvoir de réchauffement est 310 fois supérieur au C02) issu de l’épandage des digestats… Il semble bien qu’au vu de toutes ces données, les chiffres optimistes de GRDF soient mis à mal.
— Le digestat pose aussi problème. Contrairement à ce que dit M. Thomassin, le digestat n’est pas riche en matière organique, c’est tout le contraire ! La matière organique qui sert à la fermentation se transforme en gaz et ne développe donc pas la microfaune. Pire, la présence importante d’ammonium risque d’anéantir celle-ci (dont les lombrics), et l’émanation d’ammoniac peut attaquer également les insectes volants.
Il est d’ailleurs officiellement préconisé d’enfouir les digestats et de ne pas mettre d’animaux à pâturer pendant quatre semaines après un épandage. Enfin, les risques de pollution sont élevés (cf les cas de Rarecourt et de Châteaulin.)
Arguments économiques
— L’investissement, pour un projet comme celui du Perchay, tourne autour de 8 M€, auquel il faut ajouter le coût de construction de la conduite pour se raccorder au réseau général de gaz (plusieurs millions €). Sans les subventions pour la construction et un prix de rachat 3 à 5 fois supérieur au prix du gaz naturel, la méthanisation n’est pas rentable ! Est-il donc raisonnable de financer avec nos impôts — l’État apporte 17 Md€ — une filière qui n’est ni rentable, ni une énergie du futur ?
— Le projet du Perchay : une ruine pour le village ! Au-delà de la dévalorisation des biens immobiliers des habitants, s’est trouvé abandonné par les promoteurs un projet de construction de quelques maisons pour assurer un renouvellement des générations et le maintien de l’école. Par ailleurs, un projet de création d’un centre de bien-être générant une vingtaine d’emplois est mis en sommeil dans l’attente de la décision concernant ce permis de construire.
Jean Lyon, collectif Qualité et Cadre de Vie Parc Naturel Régional du Vexin
Site : demainlevexin.fr