L’église de Maudétour était de ce nombre et dépendait d’un prieuré dont il restait encore 1835 quelques pans de murs avec croisées en ogives (A.Andry). Elle fut bénite en 1150 par Monseigneur Hugues d’Amiens, Archevêque de Rouen (1130-1165) et dédiée à la Vierge Marie. Guillaume l’Aiguillon, comte de Chaumont et Hugo de Rupe, de la Roche-Guyon assistaient à la cérémonie.
S’il faut croire les chroniqueurs de notre Vexin, de même que les églises de Genainville et Gadancourt étaient confiées à des moines, celle de Maudétour l’étaient de ce fait appelé "collégiale". Elle dépendant du prieuré de Pontoise.
Pour assurer la subsistance de cette communauté à laquelle incombait, sans doute comme ailleurs, de lourdes charges (enseignement, assistance publique, etc...), elle fut dotée de revenus importants qui se montaient selon les même sources , à 25.000 livres de rente (le plus modeste des évéchés avait par comparaison 2.000. livre de rente, et celui de Strasbourg 200.000...).
Cette église était située sur une partie du cimetière actuel qui lui était attenant par la partie nord, servant déjà de cimetière. Le mur méridional actuel, c’est-à-dire le côté faisant face au village, marque à peut de chose près la limite du monument.
D’après le mémoire ci-contre rédigé en 1784 par M. Berthelot de Saint Alban, et au vue du sait d’un sanctuaire précédé d’un choeur délimité par quatre piliers sur lesquels s’élevait la bâtisse du clocher et flanqué de deux chapelles latérales, l’une dédiée à la Sainte Vierge, l’autre à Saint Eloi, formant transept, d’une nef principale avec deux petits bas-côtés. L’église était voûtée, au moins en partie.
En dernier lieu, les armoiries des comtes de Rancher étaient peintes à l’intérieur et à l’extérieur de l’église.
Au midi, se trouvait le presbytère avec un jardin clos de murs, et à peu de distance, une ferme avec un abreuvoir en face de la grille du cimetière actuel.
Cette église fut démolie en 1837, les pierres servant à édifier la nouvelle église.
Quelques années auparavant, le curé qui se sentait en insécurité dans le presbytère isolé en plaine, était venu loger au village, les paroissiens étant autorisés par les châtelains à assister à la messe dans la chapelle du château.
Ont été réinstallés dans la nouvelle église l’une des deux cloches, la cuve baptismale, la plaque commémorant l’acte de donation du 4 juillet 1595 du curé Guillaume Bernard et, en 1997, la statue mutilé d’un saint évêque, Saint Eloi peut être, puisq’une chapelle latérale lui était dédiée, statue exhumée par le fossoyeur en octobre 1894. Cette statue est restée au pied du calvaire du cimetière jusqu’en 1955. Elle a ensuite été confiée au centre archéologique de Guiry-en-Vexin, qui l’a donc conservée précieusement en dépôt durant 42 années. Il sera à nouveau question de ce patrimoine dans la description de la nouvelle église.
Le mystère reste à ce jour entier en ce qui concerne la deuxième cloche. En effet le 7 juin 1735, M. le Curé François Drouet a béni deux cloches, et le procès verbal dressé par ses soins mentionne que les parrain et marraine de cette cloche disparue étaient Seigneur Nicolas Auger, receveur de la terre et de la seigneurie de Mézières, en lieu et place de Messire Louis-Maximilien Dabost, conseiller du Roy en sa Cour de parlement, et demoiselle CatherineAuger en lieu et place de dame Madeleine Catherine de la Vigne, épouse de Messire Jean-Charles de Laudon, conseiller du Roy, ancien président en sa Cour. La statue de Saint évêque a été ramenée en l’église de Maudétour-en-Vexin le samedi 8 novembre 1997 et a été installée en son nouvel emplacement derrière la cuve baptismale le 5 décembre par M. Alain Ferrari.
LE CLOCHER
L'histoire d'un village, c'est d'abord celle de son clocher, et il n'est pas dans notre pays, de clocher de village sans coq.
Or le coq du clocher de Maudétour-en-Vexin battait de l’aile depuis quelques années. Les intempéries, les grêles et les tempêtes de mars ou de l’automne l’avait durement éprouvé et son plus bel ornement, sa magnifique queue en panache, s’était envolée sur un coup de vent particulièrement agressif. De sorte que, girouette déséquilibrée, il n’indiquait plus la direction du vent qu’avec quelque fantaisie, peut-être pour se venger d’avoir été ainsi maltraité !
Après trente ans de bons et loyaux services et ainsi atteint dans son intégrité, il méritait donc de bénéficier de sa retraite.
C’est pourquoi la municipalité avait volontiers accepter l’offre généreuse qui lui avait été faite, voici deux ans par M. Claude Pigeard, le ferronnier d’art de Wy-dut-joli-village, de forger un nouveau coq pour notre clocher, ainsi que nous l’avions annoncé dans ce journal (voir le n°26 de janvier-mars 1978 ). La promesse a donc été tenu et grâce à M. Pigeard auquel j’ai adressé au nom de tous les chaleureux remerciements et les compliments qu’appelaient son est et son talent, un nouveau coq est venu se poser, le dimanche 10 février 1980 au sommet du clocher. A la vérité la chose se fit avec discrétion que certains habitants du village auront regrettée : qu’ils s’en consolent en se souvenant du froid très piquant de se matin là et du fait que grâce au lieutenant Pierre Cheron, la grande échelle des pompiers de Magny-en-Vexin avait pu être mobilisée pour permettre à notre coq de se percher exactement à l’endroit convenable. Il y parvint grâce à l’aide du sergent Paul Cheron, qui, de passage la veille à Wy, avait reçus l’oiseau des mains de son créateur.
Selon la tradition, le coq enrubanné par les soins de Mme Cheron mère, a d’abord été béni à l’issue de la messe dominicale et dûment présenté par le Maire au personnes présentes, selon l’usage du Vexin.
A la vérité, la tradition eut exigé qu’on lui fit parcourir toutes les rues du village, mais comme il a été dit, le temps ne se prêtait guère à cette promenade. Donc M. Paul Cheron escalada allègrement l’échelle déployée jusqu’au faîte du clocher et installa notre emblème, dont chacun peut maintenant admirer les différentes formes.
Il est curieux de rappeler à ce propos que le mot "coq" est apparu dans la langue française en 1138 et l’on se souvient que notre village date de 1160 environ, donc sensiblement de la même époque. Les religieux, défrichant la forêt, créèrent "Maldestor", placèrent t-ils un coq sur le clocher de la première chapelle de leur couvent ? Je laisse à nos érudits amis (Amis du Vexin français et du centre archéologique du Vexin français) le soin de nous éclairer à ce sujet. Je m’en tiendrai à préciser que le mot " coq" vient du cri de ce volatile, qu’il a pour étymologie l’ancien français "jal", du latin "gallus" qui signifie à la fois "coq" et "gaulois".
Nous voici donc rassurés sur l’origine de l’oiseau symbolique, ce coq gaulois qui est l’un des insigne de la nation française, non pas depuis toujours, d’ailleurs, mais depuis le début du XIXe siècle, et, disent les dictionnaires, surtout depuis la révolution de 1830 et c’est ainsi que notre village aura discrètement commémoré le cent cinquantième anniversaire de cet évènement.
Ce coq bien français, donc, sur le clocher d’un vieux village de l’Ile de France, m’est l’occasion de renouveler les remerciements des Maldestoriens à M. Claure Pigeard ainsi qu’un MM. Pierre et Paul Cheron et leurs camarades pompiers de Magny-en-Vexin qui ont participé à l’opération contée ci-dessus.
Mais ne faudrait t-il pas rappeler que les précédent coq avait été fabriqué et installé en 1950 par des soins de M. René Michel, alors Maire de Maudétour-en-Vexin et que la réfection du clocher avait été assurée à cette époque par l’entreprise Cheron. L’histoire de cet ancien coq, lequel orne maintenant la salle de la mairie, sera, je le souhaite, raconte quelque jour dans la rubrique "Maudétour, un petit village du Vexin" et ce sera à nouveau l’occasion de saluer l’attachement de nos amis Cheron à notre village.
En ce qui concerne les "disparus", présents sur la plaque, faute de documents ou de témoignages, il est impossible de savoir si les corps de Louis Maillard et Lucien Hebert ont été localisés et ramenés au cimetière de Maudétour.
Leurs noms sont gravés sur les caveaux de famille, peut-être en leur mémoire, au prononcé des jugements les déclarants "Morts pour le France". Le corps de l’aspirant René de Rancher a été localisé et exhumé du cimetière militaire d’Hartennes le 21 juin 1921 pour être inhumé le 23 dans le caveau familial à Maudétour.
LES CURÉS DEPUIS 1595
Curés :
1595 : Guillaume Bernard, Fondateur de la rente du 4 juillet 1595 destinée à doter en vue de leur mariage trois pauvre filles natives de la paroisse(voir la plaque apposée sur le premier pilier à gauche de l’église, plaque provenant de l’ancienne église). Décédé le 25 novembre 1595 et inhumé en l’église Saint Germain l’Auxerrois à Paris.
1619 : André Cossard
1632 : Aimé de Monthoille
1659 : Pzenne
1666 : Debuisson
1678 : P. Le Cerf
1689 : Etienne Surgis, Prêtre bachelier de Sorbonne aux armoiries et portraits d’or à un ours debout de sable. Décédé le 11 mars 1720, et inhumé au milieu de l’église.
1720 : Robert Delacour, Docteur en théologie droit et canon de la Faculté de Paris, Avocat à la Cour. Décédé le 16 septembre 1732 et inhumé dans le choeur de l’église qu’il avait contribué à restaurer, clocher et presbytère.
1732 : François Drouet, A fait l’objet d’un procès suivi de la remise en ordre de la compatibilité des deux donation Bernard-Lestourmy, avec désignation de marguillers administrateurs de la fabrique. Inhumé dans le cimetière de Maudétour.
1764 : Claude Trecourt, Venant du diocèse de Langres, a eu des démêlés avec M. de Rancher, seigneur de Maudétour, et avec les habitants partisans du seigneur.
1782 : Projean
1783 : Michel Auger
1784 : Augustin Lefèvre, Né le 8 octobre 1746, nommé à Amiens.
1803 : Augustin lefèvre, Ancien curé de maudétour, de retour le 10 janvier 1803. Décédé le 26 mars 1813. Inhumé à Maudétour.
1813 : Jean-François Carouge, Né le 4 janvier 1745, venant de Bures, canton de Palaiseau, nommé le 1er juillet 1813, transféré à Gouzangrez, canton de Marines le 1er mai 1819.
1819 : Antoine, Joseph Bancaud, Né le 4 août 1794, sortant du vicariat d’Ablis, nommé le 1er juin 1819, transféré à Moisselles, canton d’Ecouen, le 1er août 1826.
1826 : Jean-Baptiste Metivier, Né le 10 mai 1797 ordonné à Versailles nommé le 1er octobre 1826, décédé le 29 février 1852.
1852 : Eugène, Désiré Hersant, Né le 28 mars 181, installé le 20 juin 1852. Venant de l’Isle-Adam, transféré à Ennery, canton de Saint-Ouen-L’aumône, le 13 novembre 1859
1859 : Charles Jarry, Né le 26.07.19811, installé le 15.11.1859 transféré à Aubergenville, chef lieu de canton, le 1.12.1868.La paroisse de Maudétour a été ensuite désservie par le curé d’Arthies
1869 : Decergy
1873 : Langlais
1889 : Lelong
1990 : Mouthes de Caillere
1892 : Poupard
1897 : Adelphire Petit
1898 : Bisier
1908 : Léon Rigault, Ancien vicaire à Montmorency. En 1910, nommé curé de la Celle les Bordes, canton de Saint Arnoult en Yvelines.
1910 : Villager, Ancien vicaire de Sainte Elisabeth à Versailles. Retiré en 1912.
1912 : Eugène Thomas, Qui sera nommé curé de Marnes la Coquette, canton de Chaville, en 1921.
1921 : Gaston Penet-Beaufin, Retiré en 1926.
1926 : Cure d’Arthies vacante, Interim assuré par le Curé de Magny-en-Vexin. La Paroisse de Maudétour a été ensuite desservie par le curé de Villers-en-Arthies.
1928 : Léon Guibourge, Ancien vicaire à Garches. Nommé curé de Bonnières sur Seine en 1929.
1929 : Etienne Martinaud, Ancien vicaire à Magny-en-Vexin. Nommé vicaire à Maison-Laffitte.
1930 : Marcelle Pignol, Ancien vicaire de Maisons-Laffitte. Retiré à Herblay
1931 : Augstin Durin, Ancien vicaire à Rambouillet. Nommé Curé de Freneuse, canton de Bonnières sur Seine.
1935 : René Leroux, Ancien vicaire de Notre-Dame à Mantes-Gassicourt.
1936 : Jean Van Thinen, Ancien vicaire à Magny-en-Vexin. Un personnage hors du commun qui a réussi à semer le désordre dans le réseau téléphonique des troupes allemandes fin août 1944. Nommé curé de Saulx-les-Chartreux, canton de Longjumeau.
1955 : Yann D’Orange, Ancien vicaire à Triel sur Seine. De l’Ordre des Pères du Saint-Esprit, décédé le 5 janvier 1979, inhumé à Villers.Le diocèse de Pontoise a été créé en 1966. La paroisse de Maudétour-en-Vexin a été ensuite desservie par l’équipe sacerdotale de Magny-en-Vexin.
1990 : Yves Masson, Ancien curé de Sarcelles, puis curé de Domont.
1996 : Domonique Bresson, Ancien curé de Montlignon, canton de Saint-Leu-la-Forêt.
2000 : Nicolas Quiollot, "Installé" le 1er octobre 2000
2004 : Stanislas Bron
Vicaires :
1623 :Robert Lestourmy
1624 : François Caffin
1644 : Robert Lebas
1645 : Pierre Ozanne
1657 : Hilaire Lecellier
1666 : Jacques Dumoulin, inhumé dans le cimetière de Maudétour.
1716 : Le Charetier
1721 : De La Forest
1724 : Lallement
1725 : V. Humbert
1728 : Joffet de Chenouville
1730 : Drouet
1732 : jacques Davoust
1755 : Jacques Engunard, Chapelain
1768 : Duroul
1773 : Thiboust
1773 : Gerard, ancien religieux cordelier.
1774 : Maupas
1778 : Drahon
1786 : Despez
1786 : Montaigne jusqu’en 1806.
A partir de 1806 le poste de vicaire n’existe plus.
Depuis l'été 1941, l'Abbé avait dirigé la colonie de vacances du patronage du "Bon-conseil de Paris, 7eme, paroisse de Saint François-Xavier, installée dans le château de Maudétour, environ 150 garçons et, dans le parc où campaient les scouts, une cinquantaine.
Cette implantation provisoire était due à l'amitié fraternelle liant l'Abbé à René Michel, lui-même ancien du "Bon-Conseil".
L'Abbé Roger Derry a été décapité à Cologne le 15 octobre 1943 pour faits de résistance dans sa quarante troisième année.
On retrouvera ci-dessous l'essentiel du texte de sa dernière lettre à Monseigneur Chevrot, qui était à l'époque curé de Saint François-Xavier à Paris.
Mon cher Monsieur le Curé,
Je suis à quelques jours, peut-être à quelques heures de ma mort. Dieu est bon qui me donne une grande paix et cette joie de l'esprit dont parle l'auteur de l'Imitation. Il n'y a rien pour la nature, le corps et brisé, le coeur est meurtri, mais l'âme est dans les hauteurs. Je ne cesse de remercier le Bon Dieu qui, dans son immense bonté, m'a redonné tant de ferveur. J'aurais pu mourir, sinon dans le péché, du moins dans la tiédeur que la trop grande activité extérieur risquait d'entraîner. Or la paille des cachots, le jeûne le plus rigoureux, les humiliations et les misères de toutes sortes, la solitudes, tout ce que Dieu dans sa Providence a permis pour bon bien, joint à la prière et à l'oraison continuelle, m'ont conduit sur des sommets où il fait beau et bon. Ma vie depuis deux ans n'a été qu'une messe continue et ce sera bientôt, après l'immolation du valvaire, la communion la plus intime et l'action de grâce éternelle.
Comme Dieu est bon ! Car ma confiance est plus grande que la crainte que je pourrais concevoir à cause de mes péchés. Je demande cependant vos prière et des messes pour toutes celles que je je n'aurais pas dites ( c'est surtout cela qui fût ma grosse souffrance et qui est aussi l'objet de mes craintes).
Je vous demande pardon de n'avoir pas été ce que j'aurais dû être, comme je demande pardon à qui involontairement j'aurais pu faire de la peine ou causer quelque tort. Je n'ai toujours voulu que le bien : si je me suis trompé dans les moyens, je me rattraperai bientôt en me donnant pour tous. Quel regrets de ne pouvoir plus me livrer à l'apostolat, pas très grandes d'avoir réduit ma vie qu'il voulait pour lui seul plus longue ? Mais je dépasse et j'abandonne ces craintes pour me jeter le plus complètement possible en Dieu.
J'offre ma vie pour toutes les grandes causes que j'aurais voulu mieux servir pour Dieu, pour l'Eglise, pour la France, pour ma chère paroisse Saint François-Xavier, pour mon cher Bon Conseil, pour tous ceux que j'aime.
Puis ma mort être ma messe la mieux célébrée, la plus générusement et la plus joyeusement offerte. Je vais bientôt, cher Monsieur le Curé, voir celui que, malgré tout, j'ai tant aimé. Je vais enfin l'aimer comme j'aurais voulu l'aimer toute ma vie, et j'espère, de là-haut, faire plus de bien que je n'en ai fait ici-bas...
J'aurais encore tant de choses à vous dire. Mon coeur est plein à déborder et je suis obliger de terminer (si vous saviez dans quelles conditions je griffonne ce mot!... les bottes !...). Je pense à tous, je n'oublie personne. Je pris pour tous. J'ai tant aimé ! Mais il me semble que j'aime bien mieux encore et bientôt, de là-haut, comme je vous aiderai !
Comme Dieu est bon de me faire finir sur la paille d'un cachot, dans le dénuement le plus absolu, mais que j'aime dans l'extrême pauvreté et l'obéissance. Comme la prière et l'oraison sont faciles. Mon bréviaire que j'ai pu dire presque toujours a été ma grande consolation, ma nourriture quotidienne avec l'Intimation de Jésus-Christ. Je n'avais jamais autant goûté les Psaumes.
Je demande encore pardon à tous ceux que j'aurais pu contrister. Priez beaucoup pour moi ! Demandez à mes cher confrères la charité de messes. Et puis, à bientôt, au ciel !... où je suis déjà par la pensée et le désir. Je me permet de vous embrasser très filialement. Je vous redis toute mon affection et puis devinez tout ce que je ne dis pas mais dont mon coeur est plein.
Dieu soit béni et vive la France !
Roger
Le 2 septembre 1943.
P.S :
Me permettrai-je un conseil à de plus jeunes confrères :
"Que l'on ne cache pas la vérité à des malades qui vont mourir". La mort, c'est le voile qui se déchire.
Comme je voudrais bien mourir ! Je le demande sans cesse au Bon Dieu. Je m'étonne d'avoir une si grande paix. C'est probablement parce que je n'ai pas conscience de mes péchés. Le bon Dieu fait dominer en moi la confiance et la joie du sacrifice. Priez cependant beaucoup pour moi.
Bien mourir !... Ce serait au moins cela de bien dans ma vie dont le Bon Dieu pourrais tenir compte. Oh ! S'il voulait bien me donner sa grâce et accepter ma vie. Quelle Messe ! S'il continue à m'aider, j'irai en chantant !
Donner sa vie pour ceux qu'on aime, quel bonheur !
Je pris toute spécialement pour les vocations. Que le Bon Dieu donne à son Eglise, à la France, à la Paroisse, de saints prêtres.
Je supplie que l'on dise des messes pour toutes celles que je n'aurais pas dites.
Vous devez trouver mon testament chez moi. Seuls mes meubles reviennes à ma famille. Tout argent est pour les oeuvres, mon linge pour les pauvres. Je ne pourrai pas donner de mes nouvelles à ma famille. Je recommande à tous de vivre toujours en excellents chrétiens. Redites-leur toute la tendresse et toute l'affection que je ne pourrai, hélas, leur témoigner.
Ce n'est qu'un Au revoir, Au Ciel.
Qu'est donc quelques années !